Vous avez pris la décision d’acheter votre chiot chez un éleveur spécialisé dans la reproduction d’une race. Vous pensez avoir bien mûri votre projet, et voulez vous assurer de mettre toutes les chances de votre côté, de bien commencer votre relation avec votre nouveau compagnon. Voici quelques informations pour vous y aider.
Quelques questions de bon sens, pour commencer
• Tout d’abord, oubliez l’idée que choisir l’élevage le plus primé de France est une garantie d’équilibre psychologique et comportemental : ce n’est pas parce que votre chiot est issu de champions qu’il est bien dans sa tête. La plus belle femme du monde possède t-elle un Quotient Intellectuel de 150 ? Rien n’est moins certain.
• « Beau chien » ne signifie pas obligatoirement (même si ce n’est pas incompatible) « excellent gardien », « chasseur efficace » ou « bon rapporteur ». Vous risqueriez d’être déçu si vous n’avez pas envisagé la possibilité qu’aucun être vivant ne peut exceller dans tous les domaines : ni humain, ni chien !
A vous de décider à l’avance la caractéristique la plus importante pour vous, et celles qui vous paraissent accessoires. Vous pourrez ainsi concentrer vos recherches du meilleur chiot pour vous en fonction de vos attentes.
• C’est à vous de cerner vos besoins et vos envies : souhaitez vous un chien de compagnie (dans ce cas, il est plus important que le chien soit équilibré psychologiquement plutôt qu’une bête de concours de beauté), un champion de travail (dressage spécifique à la chasse ou à la défense par exemple) ou un futur roi des rings (alors le fils du champion est celui qu’il vous faut) ? Faites le choix de l’élevage en conséquence.
La plupart des grands éleveurs vous indiqueront la lignée idéale pour répondre à vos attentes.
• N’oubliez pas que les éleveurs sérieux et professionnels ont beaucoup de difficultés à vivre de leur passion, qu’ils sont parfois obligés de posséder de nombreux étalons et lices, afin d’atteindre un « rendement » minimum.
Ce nombre important de géniteurs ainsi que les normes imposées par les services vétérinaires, signifie la plupart du temps que les chiens vivent en chenil, isolés de la maison des éleveurs, et donc de leurs activités quotidiennes. Il n’est effectivement pas possible de vivre avec plusieurs dizaines de chiens dans une maison !
Dans ce cas (lorsque les chiens vivent en boxes, isolés des humains), ils ne sont pas habitués aux stimuli quotidiens comme :
o Un aspirateur en état de marche
o Des machines à laver, lave vaisselle, appareils ménagers faisant du bruit
o Des enfants qui jouent, pleurent, crient, s’agitent, s’excitent, font du vélo, jouent au ballon (si votre petit dernier apprend à manier les percussions, le chiot risque d’avoir du mal à s’habituer à ce nouveau stimulus !)
o La télévision ou la radio en fonctionnement
De même, les chiots ne côtoient pas forcément d’autres espèces : chats, oiseaux, rongeurs…songez y, surtout si vous êtes passionné d’animaux et possédez d’autres individus d’espèces différentes chez vous.
De plus en plus de professionnels sont sensibilisés à ces questions et font le maximum pour stimuler les chiots dès la naissance. Amener à tour de rôle un ou plusieurs chiots dans des lieux riches en stimulations, pour les habituer à des expériences variées : parcs d’enfants, lieux publics plus ou moins fréquentés, etc. Voilà un gage de sérieux, n’oubliez pas de vous enquérir au préalable auprès des éleveurs qui vous intéressent, d’une telle façon de faire.
• L’élevage choisi est il en adéquation avec le futur environnement du chien ? un élevage isolé en pleine campagne vous parait peut être idéal pour naître et grandir, mais dites vous bien que si vous habitez en centre ville, votre chiot risque d’être confronté à de nombreuses nouveautés : bruits, circulation, monde, agitation.
• Essayez de ne pas acheter un chiot de plus de 12 semaines dans un élevage très pauvre en stimulations. Plus votre chiot est âgé au moment où vous le ramenez chez vous, plus il aura de difficultés à s’habituer à ces stimulations.
Choisissez un lieu d’élevage proche de la situation de votre lieu d’habitation, avec présence plus ou moins riche de stimulations, ou en demandant à l’éleveur de préparer les chiots à ces stimulations. Une sortie en ville par semaine, une visite d’enfants tous les deux / trois jours, une proximité avec d’autres animaux peuvent suffire à le rendre prêt pour de nouvelles expériences.
Note : l’âge légal de vente d’un chiot est de 8 semaines, et cela n’est pas par hasard. Outre les questions de développement, de sevrage, de socialisation, la phase d’imprégnation spécifique, durant laquelle le chien est le plus à même de connaître des expériences variées et de les assimiler sans traumatisme, est extrêmement courte (jusqu’à 12 à 16 semaines selon les races).
Il ne vaut donc mieux pas prendre un chiot de 6 mois du fin fond des Alpes, qui n’a côtoyé que des vaches et des tracteurs, pour l’emmener vivre au centre ville de Paris. Par contre, adopter un chiot de cet âge ne pose aucun problème particulier (mis à part la période d’adaptation au nouvel environnement) si sa « nouvelle » vie se rapproche de la précédente, et ce, quel que soit son âge.
Les bonnes questions à poser à l’éleveur
Vous vous êtes assuré que l’éleveur choisi est le bon ? Son offre vous convient ? C’est le moment de vous assurer que tout se passera bien dès l’arrivée de votre nouveau compagnon chez vous, ou de connaître les petites difficultés auxquelles vous serez inévitablement confronté. Vous ne pouvez pas penser à tout dès le départ, c’est évident, mais autant rassembler le maximum d’informations.
- les enfants : si vous avez des enfants en bas âge, si vous habitez près d’une école, si le chiot est amené à rencontrer des jeunes enfants, vous savez pertinemment que les petits peuvent être turbulents, dynamiques, expansifs, et que bien sur, ils auront très envie de caresser l’adorable chiot dans tous les sens !
Il est donc important pour vous de savoir si le chiot a déjà rencontré des enfants, s’il connaît cette proximité particulière, s’il y est habitué, ou non. Là encore, il conviendra de faire une approche progressive, sous haute surveillance de votre part, afin d’éviter les problèmes et de ne créer aucun traumatisme de la part du chien ou de l’enfant.
- les escaliers : demandez à l’éleveur, si vous n’en avez pas vu lors de votre visite de l’élevage, s’il y a des escaliers chez lui, auxquels l’animal a pu être confronté. Imaginez que votre chiot n’ait jamais vu d’escaliers et que vous en avez chez vous.
Il n’y a là rien d’insurmontable, il suffira d’habituer progressivement votre compagnon à monter et descendre en douceur, mais autant vous éviter des surprises et vous permettre de vous préparer à l’éventualité d’une peur liée à la non connaissance de la « chose »
- les bruits de moteurs de voitures et de klaxons, d’avion, de train, de tondeuse à gazon… Si vous habitez en zone urbanisée et que l’élevage est isolé en pleine forêt, demandez si l’éleveur a pris le temps d’habituer la portée à ces stimulations sonores importantes. Rien de plus délicat qu’un chien qui se traîne par terre dans la rue à cause du bruit qu’il ne connaît pas.
- le chiot a t il déjà porté un collier et une laisse ? Cela peut paraître saugrenu, mais imaginez vous rentrant chez vous avec votre compagnon. Il lui faut tôt ou tard porter quelque chose autour du cou et être attaché à une laisse, même pour une visite annuelle chez le vétérinaire ! S’il ne connaît pas ces sensations, il vous reviendra de l’habituer en douceur à la captivité et la privation de liberté que représente une laisse !
- les voyages en voiture, même pour de petits trajets ? Là encore, la première chose que vous ferez en quittant l’élevage, c’est de mettre votre chiot en voiture. S’il ne connaît pas cette nouveauté, il risque d’avoir peur, d’être malade, de vomir, trembler, saliver. Autant être au courant avant et s’organiser en conséquence !
Il suffit de demander à l’éleveur de mettre les chiots dans un panier, posé dans le coffre d’une voiture moteur en marche, quelques minutes par jour durant ses premières semaines de vie, pour créer une habitude et limiter les peurs.
- stimulations diverses (campagne, forêt, ville, écoles) : les chiots ont-ils connus d’autres environnements que leur élevage ? si l’éleveur a pris le temps d’emmener les chiots dans différentes situations, ne serait ce qu’une fois ou deux, vous savez que votre compagnon a connu un tout petit peu de la vie que vous lui proposez dorénavant.
Ceci n’est bien sur pas suffisant pour ne créer aucune réticence de départ, mais c’est le commencement de l’habituation à son nouvel environnement.
- les éventuelles tares génétiques : certaines races sont sujettes à des maladies plus ou moins graves : dysplasie des hanches, tares oculaires, herpès… N’hésitez pas à demander une copie des examens vétérinaires effectués sur les géniteurs, copie des radios des hanches, datés et signés du vétérinaire praticien, bien sur !
ATTENTION !
Quittez les lieux ou abandonnez l’idée d’acheter votre chiot dans cet élevage, si :
. on vous propose de vous faire livrer votre chiot par transporteur (ou de le choisir par Internet).
Il est indispensable que vous visitiez le lieu de naissance de votre futur compagnon afin de vous rendre compte par vous-même de ses conditions d’élevage. Votre chien n’est pas un magnétoscope, il mérite que vous preniez le temps de le choisir et de l’accueillir chez vous sans stress, avec une bonne préparation à sa venue.
. on refuse de vous montrer les parents de la portée.
Attention, on cherche peut être à vous cacher quelque chose. Les adultes avec lesquels les chiots ont grandi ont une grande influence sur le comportement de la portée : l’effet de mimétisme (apprentissage) est primordial.
La peur, par exemple, n’est pas héréditaire comme on veut trop souvent nous le faire croire, mais s’apprend par observation des adultes côtoyés : les chiots apprennent, en observant les autres, que face à une situation nouvelle, la seule réponse possible est la peur.
Cette attitude risque alors de s’inscrire dans le répertoire du chiot et de se reproduire lors de chaque situation nouvelle, même lorsqu’il sera adulte.
De plus, en demandant à voir les parents, vous vous assurez qu’ils ne souffrent d’aucun problème de santé détectable à l’œil nu (boiterie, aspect chétif, infections etc.) ni de problème de comportement grave comme l’agressivité démesurée, ou la peur.
Sachez toutefois qu’il est normal qu’une chienne protège ses petits lorsqu’ils ne sont pas encore sevrés, ne vous étonnez donc pas si la femelle est réticente à vous laisser approcher de la portée. Par contre, une fois les chiots autonomes, vous devez pouvoir vous approcher et entrer en contact avec eux sans susciter de réaction agressive.
. on vous interdit la visite des locaux où naissent, grandissent et vivent les chiens.
Là encore, peut être cherche t on à vous cacher quelque chose. Un simple manque d’hygiène ou plus grave, des individus malades sont des éléments dont vous pourriez tenir compte dans le choix, ou non, de votre futur compagnon.
Demandez toujours, dès la première prise de contact téléphonique, à visiter la totalité des lieux (sauf privés, bien sur), et arrivez une heure avant votre rendez vous. Vous aurez peut être des surprises !
Il peut vous être interdit l’accès à la nurserie dans le cas de chiots tout juste nés (pour des raisons d’hygiène), mais dans bien des cas vous pouvez les voir à travers une vitre.
. certains individus, même non apparentés à la portée, vous paraissent malades, faibles, anormalement apathiques
Dans ce cas, si les conditions sanitaires laissent à désirer, passez votre chemin et prévenez la DSV (Direction des Services Vétérinaires).
Une contagion est toujours possible, et vous ne voulez pas adopter un chiot malade dès le départ, n’est ce pas ? Si une toux de chenil se soigne plutôt facilement, une parvovirose peut s’avérer mortelle. Un vétérinaire pourra vous renseigner à ce sujet.
Dossier rédigé par Laurence Bruder Sergent, comportementaliste.